Par un arrêt du 1er octobre 20201, la Cour de justice a apporté des précisions sur la compatibilité de la réglementation française interdisant le recours à la publicité pour la vente en ligne de médicaments non soumis à prescription obligatoire.
En l’espèce, une officine pharmaceutique établie aux Pays-Bas a eu recours au référencement payant dans des moteurs de recherche en ligne pour promouvoir son site de vente en ligne de médicaments non soumis à prescription obligatoire à destination des consommateurs français,
Plusieurs exploitants d’officines pharmaceutiques françaises et associations représentant les intérêts professionnels des pharmaciens établis en France ont saisi le tribunal de commerce de Paris s’estimant lésés par ces pratiques. Le juge du fond a condamné l’officine néerlandaise sur le fondement de la concurrence déloyale en raison de l’avantage tiré du non-respect de la réglementation et la dignité de la profession de pharmacien.
La Cour d’appel de Paris, saisie du litige, a interrogé la Cour de justice sur la compatibilité d’une telle interdiction au regard des règles du marché intérieur, plus précisément sur la compatibilité de l’interdiction de recourir à la publicité pour un site de vente en ligne à destination des consommateurs français, exploité par une officine pharmaceutique établie dans un autre État membre, au regard de l’article 34 du TFUE, de l’article 85 quater de la directive 2001/83/CE sur les médicaments à usage humain2 et de l’article 3 de la directive 2000/31/CE sur le commerce électronique3.
À titre liminaire, la Cour précise qu’un site de vente en ligne de médicaments non soumis à prescription médicale est susceptible d’être qualifié de service de la société de l’information. En raison de cette qualification, l’activité de publicité est un élément accessoire et indissociable du service de vente en ligne et l’interdiction d’avoir recours à la publicité, pour les professionnels de santé, a pour effet de restreindre la libre circulation des services de la société de l’information.
La Cour indique également :
1 Arrêt de la Cour de Justice de l’Union européenne du 1ier octobre 2020 C-649/18 ; ECLI:EU:C:2020:764
2 Directive 2001/83/CE du Parlement européen et du Conseil du 6 novembre 2001 instituant un code communautaire relatif aux médicaments à usage humain
3 Directive 2000/31/CE du Parlement européen et du Conseil du 8 juin 2000 relative à certains aspects juridiques des services de la société de l'information, et notamment du commerce électronique, dans le marché intérieur («directive sur le commerce électronique»)