L’état d’urgence sanitaire, créé par la loi du 23 mars 2020 d’urgence pour faire face à l’épidémie de Covid-19, a été déclaré pour deux mois, jusqu’au 23 mai 2020 inclus, par cette même loi. Pour être prolongé au-delà de cette date, l’autorisation du Parlement, après avis du comité de scientifiques, était nécessaire.
La loi du 11 mai 2020 proroge l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 10 juillet 2020. Il peut être mis fin à l’état d’urgence sanitaire par décret en conseil des ministres avant l’expiration du délai fixé par la loi le prorogeant. La fin anticipée, par décret, de cet état d’urgence est une décision qui, le cas échéant, devra être prise après avis du comité de scientifiques.
Dans le contexte actuel de la crise sanitaire, deux ordonnances ont été présentées par la garde des sceaux et adoptées par le gouvernement le 25 mars 2020 afin d’adapter les différentes procédures judiciaires et l’accès au droit, aux exigences et aux contraintes sanitaires :
Ces deux ordonnances définissent une période dite « juridiquement protégée » en ce qui concerne divers délais venant à échéance pendant cette période.
La question se pose toutefois de savoir quelle est la conséquence de la prorogation de l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 10 juillet 2020 sur la durée de la période juridiquement protégée en ce qui concerne ces délais ?
Rappelons tout d’abord les principes posés par ces ordonnances.
Pour tous les : acte, recours, action en justice, formalité, inscription, déclaration, notification ou publication.
Dont l’absence est sanctionnée par : nullité, sanction, caducité, forclusion, prescription, inopposabilité, irrecevabilité, péremption, désistement d’office, application d’un régime particulier, non avenu ou déchéance d’un droit quelconque.
Il en est de même de tout paiement prescrit par la Loi en vue de l’acquisition ou de la conservation d’un droit (paiement de droit de propriété intellectuelle, renouvellement d’hypothèque etc.).
Qui devait être réalisé entre le 12 mars 2020 et le 23 juin 2020 inclus1 (période dite « juridiquement protégée ») ; seront réputés avoir été fait à temps s’ils ont été effectués :
Sont exclus du champ de l’ordonnance n°2020-306 :
Par renvoi à l’ordonnance de prorogation des délais, tous les délais de procédures expirant entre le 12 mars 2020 et le 24 juin 2020 repartent à zéro, et donc dans leur intégralité même s’ils avaient commencé à courir avant le 12 mars 2020, dans la limite toutefois du 24 aout 2020 (délais dont dispose les juges pour statuer, délais de recours, délai de pourvoi etc.).
Seuls les délais prescrits par la loi ou le règlement sont prorogés. Les délais impartis par le juge ne le sont pas même si le juge conserve la faculté de décider de cette prorogation.
Cette ordonnance a été adoptée afin de préciser comment les délais applicables à diverses procédures allaient être affectés par la prolongation de l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 10 juillet 2020.
« I. ‒ Les dispositions du présent titre sont applicables aux délais et mesures qui ont expiré ou qui expirent entre le 12 mars 2020 et le 23 juin 2020 inclus. »
Par conséquent, le texte supprime toute il n’est plus fait référence à la notion de la cessation de l’état d’urgence pour désormais fixer une date limite de prorogation au 23 juin 2020 inclus.
Ainsi, en ce qui concerne les délais échus, la période juridiquement protégée n’est pas prolongée du fait de la prorogation de l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 10 juillet 2020, elle prendra fin le 23 juin 2020 à 00h.
Il s’agit exclusivement des délais applicables aux matières suivantes :
Ainsi, le délai des mesures administratives ou juridictionnelles dont le terme vient à échéance pendant la période juridiquement protégée est prorogé jusqu’au 23 septembre 2020 inclus.
Toutefois, l’article 2 de ladite ordonnance prévoit que :
« I. – Les dispositions de l’article 2 de l’ordonnance n° 2020-306 du 25 mars 2020 susvisée relative à la prorogation des délais échus pendant la période d’urgence sanitaire et à l’adaptation des procédures pendant cette même période sont applicables aux procédures devant les juridictions de l’ordre judiciaire statuant en matière non pénale. »
Cette ordonnance n°2020-304 renvoie à l’ordonnance n°2020-306 dont l’article 1er définit la période juridiquement protégée qui demeure inchangée nonobstant la prolongation de l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 10 juillet 2020.
Ainsi, en ce qui concerne la prorogation des délais juridictionnels, la période juridiquement protégée n’est pas prolongée du fait de la prorogation de l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 10 juillet 2020, elle prendra fin le 23 juin 2020 à 00h.
1 État d’état d’urgence sanitaire par loi du 24 mars 2020 pour une durée de 2 mois à compter de sa publication soit 24 mai + 1 mois